Souvent associé aux films d’horreur comme L’Exorciste ou Conjuring, l’exorcisme possède une histoire bien réelle et millénaire. Des rituels mésopotamiens aux pratiques modernes de l’Église catholique, en passant par les usages médiévaux, découvrez comment cette tradition a évolué entre croyances, religion et cinéma.

Quand on pense à l’exorcisme, on imagine souvent des scènes dignes de Conjuring ou L’Exorciste : yeux révulsés, voix démoniaque, corps qui lévite… Évidemment, à priori les démons n’existent pas. Mais l’histoire derrière ces pratiques d’exorcismes est bien réelle… et plutôt fascinante !

Aux origines de l’exorcisme : rituels et amulettes en Mésopotamie

L’idée de “chasser les esprits” existe depuis des millénaires et dans de nombreuses cultures. Parmi les premières traces, on peut citer les ašipu en Mésopotamie. Au cours du 1er millénaire avant J.-C., ces sortes de prêtres-magiciens expulsaient les démons de leurs hôtes à l’aide d’amulettes, rituels, et même… d’autres démons !

Mais dans les films, ce sont plutôt des catholiques qui galèrent avec des textes en latin pour expulser les démons. Si bien qu’aujourd’hui, l’exorcisme est surtout associé à la foi chrétienne.

Exorcisme et christianisme : de la Bible aux premiers exorcistes

Arrêt sur image du film Conjuring 2, avec Ed Warren brandissant une croix chrétienne

© Conjuring 2 : Le Cas Enfield (2016) / James Wan / Atomic Monster, The Safran Company, New Line Cinema

Et ce n’est pas incohérent : la Bible elle-même raconte plusieurs exorcismes réalisés par Jésus-Christ en personne.

Au IIᵉ siècle, le tout 1er expert de la Bible, Origène, racontait dans ses écrits que les chrétiens se servaient simplement du nom de Jésus pour chasser les mauvais esprits. Pas besoin de crucifix qui brûle ni de litres d’eau bénite : juste un mot suffirait. Ah la la, si seulement on avait pu faire passer l’info à Ed et Lorraine Warren…

Ce qui est intéressant, c’est que peu de temps plus tard, l’exorcisme est devenu un levier pour convaincre les gens de se convertir au christianisme. Comment ? En réalisant des exorcismes publics pour démontrer que les méthodes chrétiennes étaient vachement mieux que les païennes !

Le Moyen Âge et le Rituale Romanum : un rite codifié

Puis, au Moyen Âge, le rite se structure et n’est plus réalisable que par certains prêtres formés. En 1614, l’Église catholique publie même un manuel officiel, le Rituale Romanum. À partir de là, l’exorcisme a des règles précises : prières spécifiques, signes de croix tracés sur les victimes, arrosage à l’eau bénite, dress-code “touche de violet” obligatoire, etc.

L’exorcisme face aux Lumières et à la science

Mais la pratique perd en crédibilité avec le siècle des Lumière (XVIIe-XIXe). De nombreux intellectuels et des membres de l’Eglise elle-même commencent à expliquer les possessions plutôt par les sciences, comme la psychologie.

Peu à peu, l’exorcisme est considéré comme inutile, voire dangereux… Mais il ne disparaît pas pour autant !

Image issue du film La Nonne, avec une nonne traversant un couloir en pierre sombre, laissant à apparaître sur la droite de nombreuses croix chrétiennes.

© La Nonne (2018) / Corin Hardy / Atomic Monster, The Safran Company, New Line Cinema

Des pratiques encore vivantes dans l’Église catholique

Aujourd’hui encore, il se pratique dans le monde entier, notamment dans l’Église catholique qui a d’ailleurs toujours un ministère dédié.

Dans sa forme moderne, un exorcisme ressemble surtout à des prières, un peu d’eau bénite, parfois une imposition des mains. Pas de têtes qui tournent à 360° ni de vomis vert, mais une évaluation médicale et psychiatrique obligatoire avant tout rituel.

Alors pourquoi les films nous montrent-ils des scènes si extrêmes ?

Pourquoi les films d’horreur déforment-ils l’exorcisme ?

Parce qu’ils jouent sur nos peurs les plus profondes : la perte de contrôle, l’inconnu, le surnaturel…
Et comme près d’un Américain sur deux croit aux démons et à leur capacité à nous posséder, Hollywood a trouvé un filon inépuisable pour faire frissonner les salles. Du pain béni !

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